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jeu. 06 juin

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Loeve&Co

Animaux de papier

Gilles Aillaud, Philippe Mayaux, Malcom Morley

Les inscriptions sont closes
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Animaux de papier
Animaux de papier

Heure et lieu

06 juin 2019, 17:00 – 06 juil. 2019, 19:00

Loeve&Co, 15 Rue des Beaux Arts, Paris, France

À propos de l'événement

On le sait: si des signes ou des figures purement humaines apparaissent çà et là dans les peintures rupestres, nos ancêtres ont très majoritairement représenté des animaux; les parois des grottes rendent assez fidèlement compte de la faune qui les entouraient. Les grands herbivores forment ainsi le gros du cheptel : chevaux et bisons dominent, puis viennent mammouths et bouquetins, biches et aurochs, ensuite les animaux plus rares : ours, félins (dont une majorité de lions des cavernes), rhinocéros... D’autres encore figurent à titre exceptionnel, comme les oiseaux, les poissons. Mais on trouve aussi, en petit nombre, des animaux fabuleux, dont la fameuse licorne de Lascaux, ainsi que des chimères, ces monstres formés par des parties d’animaux différents, ou des figures mi-animales mi-humaines.

Ainsi, l’interprétation de ces peintures demeure incertaine, d’autant qu’une faible corrélation s’observe entre espèces représentées et espèces dominantes dans une région donnée, ainsi qu’entre espèces représentées et espèces consommées dans l’alimentation quotidienne. Sans compter que les lieux choisis pour tracer ces silhouettes étonnent encore, de sorte que la plupart des spécialistes de l’art préhistorique esquivent la question du «pourquoi ?», lui préférant le «quoi ?», le «quand ?» et le «comment». A l’issue d’une carrière de chercheur essentiellement consacrée à des fouilles archéologiques, Jean Clottes s'est pourtant attaqué à cette question fascinante en s'intéressant aux croyances et aux conceptions du monde telles que nos ancêtres les ont exprimées dans les grottes ornées, dans son ouvrage Pourquoi l’art préhistorique, paru en 2011.

La représentation des animaux dans l’art contemporain n’est finalement guère plus aisée à décoder. D’aucuns multiplient les croquis d’animaux familiers, d’autres hantent les zoos ou les espaces sauvages, tandis que certains imaginent des monstres chimériques, droit sortis de leur imagination. Cherchant à percer le secret de l’animalité, ils semblent suivre Aristote, qui professait dans De Anima que «L’animal n’est constitué primairment que par la sensation». En choisissant le papier, ils privilégient un support fragile, propice à la saisie sur le vif d’un mouvement, mais aussi d’une idée.

Animaux de papier réunit les œuvres graphiques de trois peintres dont l’animal est un sujet récurrent, voire dominant, Gilles Aillaud (1928-2005), Malcolm Morley (1931-2018) et Philippe Mayaux (né en 1961).

Aillaud est peut-être le seul artiste du XXe siècle à n’avoir (quasiment) peint que des animaux, sans pouvoir un instant être qualifié d’ «animalier». En 1965, alors que sa peinture commençait à regorger d’architectures carcérales de zoos dans les marges desquelles apparaissait quelque animal, ou une synecdoque, il précisait en effet : «Devant une telle désolation et pour que l'art soit autre chose qu'une simple défroque culturelle, il ne s'agit pas davantage pour moi d'étudier la nature que de me concentrer sur ma boîte de couleurs ; lorsque je peins je cherche seulement à dire quelque chose, en ne songeant à la manière de peindre que pour rendre plus précise, plus claire, plus insistante, la parole».

Pour leur part, qu’ils soient croqués sur le vif, au zoo de Tampa par exemple, ou sortis d’un souvenir d’enfance, les animaux dessinés par Malcolm Morley sont toujours dotés d’une charge «télépathique», ainsi que l’a relevé Jean-Claude Lebensztejn, ils sont l’œuvre d’un «visionnaire».

L’observation et l’imagination ne sont pas tant antagoniques que complémentaires; Philippe Mayaux pratique au quotidien ce mélange entre la connaissance scientifique et l’imagination, et déclare du reste: «un des fondements de mon travail est le mélange. D’ailleurs, je suis obsédé par le Moyen-âge, notamment le début de la connaissance, les Wunderkammer, ces cabinets de curiosité, ancêtres des musées. Imaginez que vous êtes au Moyen-âge et qu’on vous montre un tatou : vous vous dites que les dragons existent! Vous voyez une girafe, vous pensez que les monstres existent !».

Sur le papier, l’animalité effraie moins, peut-être.... Le titre de cette exposition fait écho, bien sûr, au fameux entretien de juillet 1966 au cours duquel le Président Mao compare l’impérialisme américain à un «tigre de papier»:

«À présent, l'impérialisme américain est très puissant, mais cette puissance n'est pas réelle. Il est très faible sur le plan politique, parce qu'il est coupé des larges masses populaires et que tout le monde le déteste, y compris le peuple américain.

Il est très puissant en apparence mais n'a rien de redoutable en réalité, c'est un tigre de papier. Vu de l'extérieur, c'est un tigre, mais il est fait en papier et ne peut résister ni au vent ni à la pluie. A mon avis, les Etats-Unis ne sont rien de plus qu'un tigre de papier.

L'Histoire tout entière, l'histoire plusieurs fois millénaire de la société de classes de l'humanité, a confirmé cette vérité: le puissant cède la place au faible. Cela s'applique aussi au continent américain. La paix ne pourra s'établir qu'avec l'élimination de l'impérialisme; et le jour viendra où ce tigre de papier sera détruit. Cependant, il ne disparaîtra pas de lui-même, il faut que le vent et la pluie s'abattent sur lui.

Quand nous disons que l'impérialisme américain est un tigre de papier, nous en parlons sur le plan stratégique. Nous devons le mépriser du point de vue de l'ensemble, mais en tenir pleinement compte dans chaque situation concrète. Il a des griffes et des dents.

Pour le désarmer, il faut les détruire une à une. Par exemple, s'il a dix dents, on commence par lui en briser une, et il lui en reste neuf; puis, on lui en casse une autre, et il n'en a plus que huit. Lorsque ses dents auront été toutes enlevées, il lui restera encore des griffes. Pourvu que nous procédions avec sérieux et graduellement, nous finirons par réussir».

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