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Information

Beat Re-Generation, featuring Jean-Michel Alberola

jeu. 23 janv.

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Loeve&Co

Jean-Michel Alberola, Mary Beach, Wallace Berman, William S. Burroughs, Henri Chopin, Félix Fénéon, Paul-Armand Gette, Allen Ginsberg, John Giorno, Brion Gysin, Keith Haring, Yayoi Kusama, Arnaud Labelle-Rojoux, Mohamed Mrabet, Claude Pélieu

Les inscriptions sont closes
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Beat Re-Generation, featuring Jean-Michel Alberola
Beat Re-Generation, featuring Jean-Michel Alberola

Heure et lieu

23 janv. 2020, 18:00 – 29 févr. 2020, 19:00

Loeve&Co, 15 Rue des Beaux Arts, Paris, France

À propos de l'événement

Organiser des expositions à Saint-Germain des Prés, c’est se frotter à chaque instant à une foule cosmopolite de fantômes, tous ces artistes, écrivains, musiciens, etc. qui y ont convergé, cohabité tout au long des décennies passées. De cette foule, les membres de la Beat Generation émergent. Si William Burroughs, Allen Ginsberg et Jack Kerouac se sont rencontrés à New York au début des années 1940, ce groupe est par essence nomade: San Francisco ou Tanger en ont abrité des épisodes considérables, mais Paris, naturellement, en est l’autre foyer essentiel.

Entre 1957 et 1963, Burroughs, Gregory Corso, Ginsberg, Brion Gysin, Peter Orlovsky… logent en effet régulièrement au Beat Hotel, 9 rue Gît-le-Cœur, à Saint-Germain des Prés. Là, en particulier, naissent ou sont développés des procédés ou œuvres emblématiques de la Beat Generation, dont le «cut-up» et le Festin Nu, en passant par la légendaire Dreamachine.

Contrairement à Tanger, par exemple, Paris n’est pas un cadre seulement beau ou permissif où s’ébattraient ces poètes et créateurs plus ou moins marginaux, non, Paris est aussi, ou surtout, le cadre d’une aventure moderne de l’art et de la littérature dont certains héros revêtent une importance capitale aux yeux de ces jeunes américains, même s’ils ne jouissent pas toujours, ici, d’une réputation bien établie: Antonin Artaud, André Breton, Marcel Duchamp… Fils du meilleur ami de ce dernier, introducteur du happening en Europe, Jean-Jacques Lebel joue alors un précieux rôle d’entremetteur entre ces deux univers.

Par touches, l’exposition «Beat Re-Generation» évoque cette histoire, à travers ses piliers new-yorkais historiques, bien sûr, mais aussi ses excroissances californienne (Wallace Berman et sa revue Semina), marocaine (le peintre et «écrivain analphabète» Mohamed Mrabet, dont Paul Bowles à patiemment retranscrit les histoires) et française (le poète Claude Pélieu ou l’artiste Paul-Armand Gette).

Cependant, plus qu’un mouvement à proprement parler, la Beat Generation est une position, un statement dirait-on aujourd’hui, un état mental, un art d’attitude qui s’étend non seulement dans l’espace, mais dans le temps. Il suffit, pour s’en assurer, de regarder à quel point toute une scène artistique américaine des années 1970, et surtout 1980, a cherché à toute force à se placer dans son prolongement, de Kurt Cobain, Bob Dylan, Patti Smith ou Tom Waits à Jean-Michel Basquiat et Keith Haring… À l’inverse, un polyptique photographique signé Allen Ginsberg, présenté dans l’exposition, est consacré à la pionnière de la photographie Dorothy Norman, qui partagea l’existence d’Alfred Stieglitz, qui introduisit notamment Dada aux États-Unis.

Ainsi, a contrario, certaines figures du passé, ou exogènes au mouvement, ne devraient-elles pas en être rapprochées, dans l’esprit du «plagiat par anticipation» ou du «hasard objecti» chers aux surréalistes ? C’est à cet instant qu’intervient Jean-Michel Alberola. Artiste protéiforme, mais également immense lecteur, et tout aussi considérable cinéphile ou connaisseur de blues, de rock, etc. Alberola est parti d’un de ses pastels, double portrait en miroir de l’écrivain anarchiste, compagnon de route des plus intenses peintres et poètes de la fin du dix-neuvième et du début du vingtième siècles, Félix Fénéon, et de William Burroughs, pour se plonger dans les entrailles de cet esprit, et de sa bibliothèque, afin d’en rapporter des fragments de textes, signés Burroughs, Corso ou Kerouac, mais aussi bien Pascal, Guy Debord ou Shakespeare (référence centrale du groupe), qui scandent l’exposition en autant de dessins et peintures sur papier, à la recherche de ces « aventures incomplètes » que les artistes et écrivains Beat n’ont cessé de poursuivre, incapables décidément d’accepter le fait qu’être quelque part les empêchait d’être simultanément partout ailleurs… 

C’est d’ailleurs sur la machine à écrire Underwood de son « Pliant de voyage » que Marcel Duchamp a dactylographié les quatre cartes postales de son Rendez-vous du Dimanche 6 février 1916 à 1h3/4 après-midi, que d’aucuns considérèrent comme l’ancêtre du «cut-up».

Ne jamais renoncer à «être simultanément partout», c’est peut-être bien l’essence même de cette «Beat Re-Generation» qui, le temps de cette exposition, se déploie autour d’une peinture murale de Jean-Michel Alberola porteuse de ces trois simples mots: éclairage en groupe.

Stéphane Corréard

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