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Bestiaires d'ailleurs
lun. 14 sept.
|www.loeveandco.com
Loeve&Co-llect: Vingt-troisième semaine. Chaque jour à 10 heures, du lundi au vendredi, une œuvre à collectionner à prix privilégié, disponible uniquement pendant 24 heures. Collectionner n'a jamais été aussi enrichissant...
Heure et lieu
14 sept. 2020, 09:59
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À propos de l'événement
Semaine 23 : Bestiaire d'ailleurs
Dans son livre Le vendeur d’animaux, publié en 1945, le génial artiste-inventeur touche-à-tout Bruno Munari met en scène un enfant qu’un marchand d’animaux a bien du mal à contenter. Il a beau lui proposer tour à tour les animaux les plus intéressants, du porc-épic au flamand rose, l’enfant lui répond invariablement Je n’en veux pas. Excédé, à la fin le vendeur lui demande quel animal il voudrait, et l’enfant répond : Un poulet rôti, avec des frites.
L’histoire inventée par Munari est exemplaire d’un rapport aux animaux, et à la nature en général, qui pour l’homme occidental s’est considérablement distendu au cours du vingtième siècle. Les rapports humains-animaux dans les sociétés occidentales actuelles sont marquées par des phénomènes nouveaux, ou ayant pris une ampleur inédite, tels, aux trois bouts du spectre, que la violence contre les animaux, la place de l’animal de compagnie et la préservation des espèces.
Ces problématiques irriguent naturellement les pratiques artistiques contemporaines, de diverses manières qui ont été étudiées notamment par Marjan Seyedin dans une thèse soutenue en 2017, qui résume ainsi cette évolution : depuis le romantisme et suite à une crise propre à la modernité, l’homme, accablé par une mélancolie et la nostalgie de l’Harmonie et de l’Unité perdue, cherche à combler le fossé qui le sépare de l’absolu. C’est dans cette tentative de réconciliation que l’animal en tant qu’altérité prend une place importante. Ainsi dès le milieu du XVIIIe siècle l’attention de l’homme européen se tourne vers ces autres qui sont les sauvages, les enfants et les animaux. Un nouveau type de rapport entre l’homme et l’animal s’instaure alors (…) avec Goya et sa descente aux enfers qui interroge la vérité de l’homme (puis) l’attrait pour l’exotismechez les romantiques, peu à peu remplacé par la question de l’éthique, pour enfin aboutir à une certaine forme d’animalisme.
Si la plupart des artistes européens ou américains n’ont plus de relation quotidienne suivie avec les animaux sauvages depuis longtemps, il n’en est pas de même pour les artistes d’autres cultures, dont les œuvres témoignent au contraire de liens puissants et constants avec leur environnement, et notamment les animaux qui le peuplent.
Ainsi par exemple, une institution comme la Fondation Cartier à Paris a pu, ces dernières années, construire une programmation largement axée sur ces questions, contribuant à révéler au public des artistes considérables, dont plusieurs structurent cette nouvelle semaine, dont le sculpteur et dessinateur paraguayen Marcos Ortiz, résidant à Yclocat, communauté Nivacle à la périphérie de la colonie mennonite de Neuland, montré dans Nous les arbres et Géométries Sud en 2019, ou encore les précurseurs de la peinture moderne africaine Albert Lubaki et Mwenze Kibwanga, révélés par André Magnin à l’occasion de Beauté Congo en 2015, région également représentée ici par une œuvre éclatante de Jacques Zigoma, représentant l’école des peintres de Poto-Poto, fondée dans les années 1950 par le français Pierre Lods. Cette semaine nous emmènera également au Maroc, avec l’écrivain et peintre Mohammed Mrabet, le fantastique conteur que son ami Paul Bowles a surnommé l’écrivain analphabète…
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