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Boîtes
lun. 27 juil.
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Loeve&Co-llect: Seizième semaine. Chaque jour à 10 heures, du lundi au vendredi, une œuvre à collectionner à prix privilégié, disponible uniquement pendant 24 heures. Collectionner n'a jamais été aussi enrichissant...


Heure et lieu
27 juil. 2020, 09:59
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À propos de l'événement
Semaine 16: Boîtes
Pour ceux qui s’intéressent à l’art en France depuis les années 1960, l’exposition Boîtes, présentée au Musée d’art moderne de la ville de Paris du 16 décembre 1976 au 30 janvier 1977, puis à la Maison de la Culture de Rennes du 3 février au 2 mars 1977 est un marqueur paradoxal. Paradoxal, car il ne s’agit pas d’une de ces expositions d’auteur, qui incarnent une rupture dans la manière d’envisager l’histoire de l’art contemporain, à la manière de When Attitudes Become Form: Live in your Head (Harald Szeemann, 1969, Kunsthalle de Berne) ou des Magiciens de la terre (Jean-Hubert Martin, 1989, simultanément au centre Georges-Pompidou et à la grande halle de la Villette). Boîtes n’a pas non plus révolutionné la manière même de monter une exposition, comme Chambre d’Amis, imaginée par le regretté Jan Hoet dans la ville de Gand en 1986, où les interventions artistiques étaient réparties chez les habitants.
Non, si Boîtes a marqué notre imaginaire, c’est plutôt parce qu’elle participait à incarner la fin d’une époque, à plusieurs titres. L’époque où artistes français, européens et américains pouvaient être exposés à égalité (Baldessari, Judd ou Warhol y partageait les socles avec Roy Adzak, Richard Hamilton ou Joan Rabascall, Dorothée Selz ou Annette Messager). De grands artistes historiques comme Schwitters ou Giacometti y côtoyaient en outre de tout jeunes créateurs, dont Arnaud Labelle-Rojoux (26 ans) ou Guy Roussille (32 ans). À vrai dire, l’exposition était surtout joyeuse, rassembleuse, inclusive; elle réunissait plus de deux cents artistes, ce qui à l’époque était considérable. On pouvait y rencontrer, aussi, certaines artistes que l’on redécouvre aujourd’hui, alors qu’elles étaient tout à fait découvertes déjà alors, et ce n’était pas il y a si longtemps: Lourdes Castro, Hessie, Dorothy Iannone… Toutes les tendances avaient alors droit de cité, des supposés classiques, voire même un peu ringards, voisinaient avec les stars les plus branchées du moment. Aujourd’hui, certains des premiers sont toujours bien présents, tandis que certains des derniers ont sombré dans l’oubli. Mais tout cela n’est peut-être que momentané. Boîtes évoque irrésistiblement l’époque où le monde de l’art savait encore vivre ensemble.
Quant au titre de l’exposition, qui résume son concept, si l’on peut dire, il dit clairement le propos: une exposition de boîtes. Amusant, précisément, pour un projet qui préfigure le moment où, inexorablement, le monde de l’art va apprendre à vivre dans des petites boîtes, très étroites, comme les chante Graeme Allwright en 1973 avec grand succès, avant de s’en aller dans des cimetières, dans des boîtes qui sont toutes, toutes pareilles.
Attention, le contexte intellectuel et culturel est largement brossé dans les multiples préfaces du catalogue, qui convoquent amplement Sigmund Freud, mais aussi Boris Vian, et sont signés œcuméniquement de la fine fleur de la critique française d’alors, Jean-Jacques Lévêque, Anne Tronche, José Pierre, Marc Le Bot, Pierre Restany, Jean Clair…
Naturellement, la boîte est un prétexte, oui, mais un prétexte étayé. À bruit secret ou la Boîte en valise de Duchamp font un bon socle historique, et un artiste comme Joseph Cornell a porté la forme de la boîte jusqu’à sa quintessence artistique, en en faisant (avec le collage) sa forme exclusive. Mais à part quelques-uns, la liste des participants laisse songeur, tant la boîte paraît éloignée de leurs préoccupations habituelles, à l’image de Gilles Aillaud, Leonardo Cremonini, Jean Degottex, Robert Malaval ou Victor Vasarely. Pourtant, les commissaires, Françoise Châtel et Suzanne Pagé, justifient leur initiative: Cette exposition part du constat de la prolifération croissante des boîtes dans l’art, depuis les années 60. Cette prolifération n’est sûrement pas étrangère à l’environnement socio-économique: importance des emballages… , nécessité panique de créer des abris, des réserves naturelles ou artificielles. Si nous nous en tenons à l’histoire de l’art, il faut sûrement chercher l’une des sources de ce courant en remontant à Dada et au Surréalisme (…) le Surréalisme (qui) devait consacrer l’objet comme œuvre d’art. (…) Dans cette ligne se multiplient depuis quelques années les musées ou greniers personnels où viennent, dans la plus grande diversité, s’enfouir toutes les mythologies individuelles ou collectives.
Cette semaine nous donne l’occasion de nous souvenir de cette exposition du temps d’avant, d’avant les ruptures des années 1980 puis 2000, où le monde de l’art s’est sans doute professionnalisé et spécialisé, mais où il a peut-être, parfois, perdu un peu de sa convivialité et, pour tout dire, de son humanité. Nous le ferons en compagnie de cinq artistes considérables, invités éminents de l’exposition de 1976, représentants majeurs de ces mythologies individuelles, du Surréalisme et de Fluxus (qui avait logiquement droit à une étude à part dans le catalogue de l’exposition), Christian Boltanski, George Brecht, Tetsumi Kudo, Antoni Miralda et Méret Oppenheim.
Les artistes
George Brecht
Christian Boltanski
Tetsumi Kudo
Antoni Miralda
Méret Oppenheim
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