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Dans le texte
lun. 31 août
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Loeve&Co-llect: Vingt-et-unième semaine. Chaque jour à 10 heures, du lundi au vendredi, une œuvre à collectionner à prix privilégié, disponible uniquement pendant 24 heures. Collectionner n'a jamais été aussi enrichissant...
Heure et lieu
31 août 2020, 09:59
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À propos de l'événement
Semaine 21 : Dans le texte
Des mots dans la peinture occidentale? Dès qu’on a posé la question, on s’aperçoit qu’ils sont innombrables écrivait Michel Butor en 1969 dans son essai fondateur sur Les mots dans la peinture, publié par les éditions Skira dans la mythique collection Les Sentiers de la création. Butor met le doigt sur une réalité aveugle de l’histoire de l’art: si les mots, la littérature même, ont une place immense dans la peinture, s’ils en structurent même à bien des égards l’iconographie, ils fourmillent aussi, sont très concrètement présents directement dans l’espace du tableau.
Au fil des pages, Butor égraine un répertoire très varié et très convaincant de formes verbales picturalisées: titres, légendes, noms des modèles, signatures, adresses, sentences, paroles flottant dans l’air, missives peintes, titres de livres ou de journaux, écritures imitées, etc. irriguent tout l’art depuis les origines. Dans ce panorama de mots peints, Butor s’essaye à des catégorisations, distinguant au moins trois ensembles bien distincts. Parfois, les textes présents dans l’œuvre (phylactères, titres ou légendes) explicitent des fragments bien connus du contexte traditionnel sous-jacent à l’image (particulièrement issus des traditions religieuses). Dans d’autres circonstances, les signatures, adresses, noms de modèles ou de commanditaires expriment le cadre énonciatif du tableau, témoignant d’une individualisation grandissante de l’objet pictural dans son origine comme dans sa destination. À partir de l’époque moderne, après le Cubisme majoritairement, les titres de livres ou de journaux, les affiches ou les écritures imitées) ont parfois moins une valeur sémantique que directement visuelle, et témoignent de l’envahissement de l’environnement moderne par les signes imprimés; la dimension esthétique de ces signes, dont le sens peut même être accessoire, à tel point qu’ils ne sont pas toujours traités pour être lisibles, prend le dessus. Ces trois strates d’inscriptions, historiquement successives, ne sont pas exclusives, et même parfois parfaitement cumulables.
Après l’irruption des avant-gardes, les mots prennent une importante grandissante dans la peinture: après le Cubisme, le Futurisme, par exemple, tire parti de tous les signes urbains pour exprimer son amour de la vitesse et de la modernité, tandis que le Surréalisme réaffirme constamment son ancrage poétique, comme dans les œuvres de Miró, mais aussi philosophique, ainsi qu’en témoignent les peintures de René Magritte. Plus tard, l’Art conceptuel n’en retiendra même parfois que la présence écrasante du texte, jusqu’à l’extrême sophistication de la mise en espace des mots ou des phrases, chez Lawrence Weiner ou Robert Barry, tandis que les disciples d’Isidore Isou, sous la bannière lettriste, exploreront dans les moindres recoins toutes les possibilités offertes par le signe.
En 1993 à Marseille, la grande exposition Poésure et Peintrie (sous le commissariat général de Bernard Blistène) entreprenait, pour la première fois à cette échelle, de faire un point d’envergure sur ces relations entre le texte et la peinture. Sous- titrée D’un art, l’autre, elle s’efforçait surtout de montrer à quel point ces relations étaient dynamiques, vivantes, multicentriques et multilatérales. Cette semaine explore en quelques œuvres certaines des contributions les plus foncièrement originales à cette histoire toujours vivante, de la poésie incarnée de Rebecca Horn aux mots qui se font lignes chez Pierrette Bloch, des Dactylopoèmes d’Henri Chopin aux Écritures illisibles de peuples inconnus de Bruno Munari, en passant par les inimitables écritures de Ben.
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