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Des collages immédiats
lun. 06 juil.
|https://www.instagram.com/loeveandco/
Loeve&Co-llect: Treizième semaine, treizième thème. Et toujours, chaque jour à 10 heures, du lundi au vendredi, une œuvre à collectionner à prix privilégié, disponible uniquement pendant 24 heures. Collectionner n'a jamais été aussi enrichissant...


Heure et lieu
06 juil. 2020, 09:59
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À propos de l'événement
Semaine 13: Des collages immédiats
Si ce sont les plumes qui font le plumage, ce n’est pas la colle qui fait le collage.
Max Ernst
La pratique du collage est indissociable de la modernité au vingtième siècle, même si (ou parce que) elle a été introduite quasi simultanément par des artistes habités de préoccupations diamétralement opposées.
Georges Braque et Pablo Picasso sont les premiers à s’en emparer, dans leur quête d’un cubisme analytique. Après avoir introduit dans leurs tableaux des effets hyperréalistes de matière (Braque avait appris la technique du faux bois pour la décoration intérieure), puis en 1911 la lettre (là aussi grâce à une technique héritée de la décoration), ils procèdent directement, à partir de l’automne 1912, par papiers collés. Aux représentations du papier journal, de la partition musicale ou du papier-peint, les deux artistes substituent l’élément lui-même, non plus peint mais directement intégré dans la composition, créant un effet de réelalors inédit, et aboutissant, selon le joli mot de Françoise Gilot, à un vrai trompe-l’esprit.
Une poignée d’années plus tard, ce sont les dadaïstes puis les surréalistes qui, suivant l’exemple littéraire de Lautréamont, élaborent les premiers vrais collages, où le papier trouvé ne sert plus d’adjuvant ou de liant à une composition picturale classique, recourant par ailleurs à la peinture à l’huile, ou au fusain, mais devient le composant unique de l’œuvre. Dès la période de la première Guerre mondiale, les dadaïstes allemands Raoul Hausmann, John Heartfield et Hannah Höch découpent et agencent des fragments de photographies, livrant souvent une vision caustique et critique de l’actualité politique. À partir de 1919, leur compatriote Max Ernst devient virtuose dans l’art de détourner des gravures anciennes pour en faire des collages troublants et énigmatiques, procédé qui donnera naissance à des recueils fameux, La Femme 100 têtes (1929), Rêve d'une petite fille qui voulut entrer au Carmel (1930), Une semaine de bonté (1934), qui font de lui un des plus éminents représentants de l’esprit surréaliste.
Cubisme, Surréalisme… la troisième voie ouverte par le collage est aussi surprenante. À compter des années 1930 en effet, Henri Matisse saisit les possibilités offertes par ce procédé en matière de composition. Si Braque et Picasso avaient déjà pu apprécier les facilités offertes par l’usage de papiers découpés dans l’élaboration d’une œuvre (ils sont aisément repositionnables jusqu’au collage définitif), Matisse, qui travaille par séries et variations, va jusqu’à l’utiliser comme élément principal dans la conception initiale de certaines grandes compositions. Après la seconde Guerre Mondiale, il se saisit entièrement de cette pratique lorsque, alité, handicapé, il ne peut plus peindre. Il invente alors la technique des papiers découpés : immobile dans son lit, il découpe avec des ciseaux directement dans des papiers colorés des formes que ses assistants placent et collent aux endroits qu’il indique. Découper à vif dans la couleur me rappelle la taille directe des sculpteurs. Ce livre a été conçu dans cet esprit, déclare-t-il à propos de son chef d’œuvre, l’ouvrage Jazz, conçu entre 1943 et 1947 pour l'éditeur Tériade. Les années suivantes, il travaille suivant la même technique au décor de la chapelle du Rosaire de Vence, à la demande de son infirmière-assistante.
Créé en 1956, un minuscule (25 centimètres de côté) collage de Richard Hamilton, Just what is it that makes today's homes so different, so appealing?, ouvre un nouvel âge, non pas seulement dans la pratique du collage, mais dans l’histoire de l’art elle-même, puisqu’il est considéré comme la première œuvre Pop, dont la descendance sera pléthorique des deux côtés de l’Atlantique. Bourré d’électro-ménager, de Hifi et de références publicitaires, surplombé par une image de la Lune, rêve de la conquête spatiale en marche, habité par un bodybuilder au sourire blasé de Mister Univers, hanté par la télévision, l’intérieur contemporain vu par l’artiste britannique Richard Hamilton est tout entier résumé dans la sucette géante que tient l’athlète à la hauteur de son sexe, simplement barrée du mot POP en majuscules orange sur fond rouge.
Le collage, dès lors, devient le médium privilégié de l’expression du trop-plein de la société de consommation triomphante, de l’accumulation des biens et de l’entassement des personnes, dont les gigantesques Scapes de Erró, l’islandais de Paris, sont l’illustration la plus parfaite. Comme en a témoigné son exposition au Centre Pompidou en 2010, Erró, 50 ans de collages, cette pratique est l’essence même de son art. Chacun avec sa singularité, issus de l’entourage du surréalisme comme Jacques Prévert, du graphisme et de l’affiche comme Roman Cieslewicz, de l’art conceptuel critique (Nelson Leirner) ou des marges de la Beat Generation (Mary Beach et Claude Pélieu), nombreux sont ceux qui ont depuis élargi la pratique du collage aux enjeux contemporains de la dénonciation du cauchemar climatisé, et des images-écrans qui en sont le bras armé.
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