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Love&Collect: Abstraction faite
lun. 14 juin
|https://www.loveandcollect.com
Love&Collect: Soixante-et-deuxième semaine. Chaque jour à 10 heures, du lundi au vendredi, une œuvre à collectionner à prix privilégié, disponible uniquement pendant 24 heures. Collectionner n'a jamais été aussi enrichissant...
Heure et lieu
14 juin 2021, 10:00 – 19 juin 2021, 09:59
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À propos de l'événement
Semaine 62: Abstraction faite
Actuellement visible au Centre Pompidou (jusqu’au 23 août), l’exposition Elles font l’abstraction inspire cette nouvelle semaine, consacrée à cinq de ces femmes peintres abstraites qui ne sont pas encore suffisamment entrées dans l’histoire… Son titre, Abstraction faite, renvoie autant au féminin qu’au fait que ces artistes ont été, parmi tant d’autres, relativement invisibilisées; on a fait abstraction de ces femmes abstraites, et on continue à le faire, puisqu’elles ne figurent scandaleusement pas dans l’exposition du Centre. Scandaleusement? Le terme peut paraître fort, tant l’exposition s’efforce avec justesse de proposer un échantillon historiquement et géographiquement assez large, représentatif de l’apport spécifique des artistes féminines à l’aventure de l’abstraction au vingtième siècle. Comme le résumé l’historien Philippe Dagen dans le quotidien Le Monde du 19 mai dernier, la conservatrice Christine Macel, commissaire de l’exposition, a pris le parti non d’une exhaustivité évidemment inaccessible, mais d’une curiosité en toutes directions, avant de conclure: l’histoire qu’Elles font l’abstraction rend visible est si vaste et si complexe qu’il n’aurait pas été excessif de la diviser en deux ou trois expositions successives.
Retrouvez les œuvres de la semaine tous les jours du lundi au vendredi, à 10h en cliquant sur ce lien.
C’est avec plaisir que nous le prenons au mot pour rajouter déjà cinq noms, dans l’urgence, à une liste qui en comporte quelques dizaines… Mais enfin, qu’il nous soit permis de nous interroger sur l’absence de certaines de ces artistes qui, par exemple, ont figuré au rang des pionnières, à l’instar d’Anton (né Anna) Prinner, constructiviste dès 1932, et qui a bâti jusqu’en 1983 une œuvre absolument singulière, qu’il faut absolument aller découvrir, au Musée de l’Hospice Saint-Roch d’Issoudun. Mais son absence s’explique peut-être par sa singularité même; outre son identité, son parcours, riche et complexe, ésotérique même, la place peut-être hors de la caseabstraite?
Mais comment interpréter, alors, l’absence d’une Marie Raymond, abstraite dès le début des années 1940, saluée par les plus grands peintres et critiques de son temps, et dont le Centre Pompidou lui-même a souligné par le passé l’importance, en la mettant en bonne place dans les légendaires expositions Paris-New Yorken 1977 puis Paris-Paris en 1981, et Les années 1950, en 1988? Le Musée national d’art moderne, il est vrai, ne conserve d’elle qu’un anecdotique portrait de Serge Charchoune, à la mine de plomb, légué par le modèle en 1976… Déjà passée de ce fait à travers le tamis – pourtant serré – de l’exposition thématique de la collection du Musée, elles@centrepompidou, réalisée par la conservatrice Camille Morineau entre 2009 et 2011, Marie Raymond devra encore attendre son tour…
Il en va de même pour les créatrices d’exception réunies dans cette semaine, qui chacune aurait mérité mille fois de figurer dans cette exposition de rattrapage. Jeanne Kosnick-Kloss? Musicienne, dessinatrice spirite, elle a épousé et poursuivi l’œuvre incontournable de son mari, Otto Freundlich, frappé du sceau de l’art dégénéré par les Nazis… Si son nom disparaît encore trop souvent derrière celui de son génial mari, c’est bien elle, par exemple, qui a détecté le talent d’un Gaston Chaissac, et lui a permis de se développer. Huguette Arthur Bertrand? Rare protagoniste femme de l’abstraction lyrique, elle a été pour beaucoup de critiques, de marchands et de collectionneurs l’alter ego féminin de Martin Barré. Pourtant, si ce dernier a – enfin – eu les honneurs du Centre Pompidou il y a peu, pour sa part elle n’aura même pas figuré, cette fois, dans l’exposition collective… Et Dora Maar? Ses sensibles et audacieux paysages abstraits du Luberon étaient accrochés aux cimaises du Centre Pompidou (mais aussi de la Tate Modern ou du Getty Museum) il y a moins de deux ans; mais pas cette fois? Cette inconstance surprend… Et Shirley Goldfarb? Autant que Joan Mitchell, elle a su tirer toutes les conclusions des Nymphéas de Monet, en opérant une mue spectaculaire: benjamine de l’Action painting américaine, elle a préfiguré le Minimalisme, peignant ses grands formats panoramiques systématiquement, à la truelle, comme la fille naturelle de Seurat et de Stella… Tant pis, ce n’est pas cette fois que grâce lui sera rendue au Centre Pompidou. Elle restera, pour quelque temps encore, le modèle fascinant de ce grand double portrait de son ami David Hockney, conservé au SFMoMA. Ou l’autrice bouleversante de ces Carnets, dont l’adaptation scénique par Caroline Loeb a valu à la comédienne Judith Magre le Molière 2000 de la meilleure comédienne.
Elles cinq aussi font l’abstraction, et nous ne faisons pas abstraction d’elles ; ces artistes considérables illuminent cette nouvelle semaine, en couleurs et en cinémascope!
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