Information
lun. 26 avr.
|https://www.loveandcollect.com
Love&Collect: Nus debout
Love&Collect: Cinquante-cinquième semaine. Chaque jour à 10 heures, du lundi au vendredi, une œuvre à collectionner à prix privilégié, disponible uniquement pendant 24 heures. Collectionner n'a jamais été aussi enrichissant...
Heure et lieu
26 avr. 2021, 10:00 – 01 mai 2021, 09:59
https://www.loveandcollect.com
À propos de l'événement
Semaine 55: Nus debout
Aux nus masculins de la sculpture antique ont succédé les nus féminins de la Renaissance; jusqu’à l’art moderne, le nu a toujours joui d’un statut à part dans le genre pictural… Pourtant, le nu n’a été identifié comme catégorie artistique à part entière qu’au début du siècle dernier. Auparavant, le terme de nudités apparaissait dans la critique d’art, mais par soustraction, lorsque des corps apparaissaient sans vêtements dans une œuvre d'art. Bien qu’il soient depuis longtemps considérés comme les exercices exemplaires de l’académisme, le dessin ou la peinture de nus n’étaient pas reconnus par l'Académie royale de peinture et de sculpture, dont les classements ont eu force de loi jusqu'à la Révolution française. Les nudités, en effet, n'étaient justifiées que dans la peinture religieuse ou de mythologie, ou encore les allégories qui constituaient le domaine réservé de la peinture d'histoire: en aucun cas le nu n’aurait pu être considéré comme un sujet…
Retrouvez les œuvres de la semaine tous les jours du lundi au vendredi, à 10h en cliquant sur ce lien.
Pourtant, ou conséquemment, le nu dans l’art a été un vecteur puissant de la modernité. Nombre de scandales, qui ont marqué des ruptures esthétiques majeures, tirent leur origine dans le surgissement pictural de corps mis à nu, de l’Olympia ou du Déjeuner sur l’herbe de Manet aux Demoiselles d’Avignon de Picasso, en passant par le Bain turc d’Ingres, deux fois refusé par le Louvre, tondo dans lequel l’écrivain Paul Claudel ne vit qu’une galette d’asticots… jusqu’à Marcel Duchamp lui-même, dont la Mariée mise à nu a fait trembler l’art sur ses bases, après le scandale de son Nu descendant l’escalier.
Le passage de l’état habillé au nu est, en lui-même, un motif. Duchamp, du reste, parmi tant d’autres, évoque comme source de son Grand Verre l’attraction de foire, dite du Chamboultout, qui consistait à déshabiller à coups de projectiles une représentation de femme en robe de mariée… Il en est allé de même pour les tableaux, à commencer par la célèbre Maja nue peinte par Goya, qui était, chez son commanditaire Manuel Godoy, cachée par un tableau de même format et figurant la même modèle, mais habillée, un habile mécanisme permettant de découvrir le tableau licencieux. Las, cela n’empêcha pas qu’en 1807 Ferdinand VII la fit confisquer à son propriétaire, et qu’en 1814 l'Inquisition décide de la cacher au public pour obscénité tout en engageant un procès contre le peintre (qui fut certes acquitté, mais grâce à l'influence du cardinal Don Luis María de Borbón y Vallabriga). Idem pour la célèbre Origine du monde de Gustave Courbet, qui fut la plupart du temps dissimulée aux regards, notamment chez son propriétaire le psychanalyste Jacques Lacan, qui avait fait peindre par son beau-frère André Masson un panneau coulissant placé devant, un paysage dont la composition reprenait l’accueillante anatomie saisie par Courbet.
Aussi les artistes réunis autour de cette nouvelle semaine se placent-ils volontairement dans une lignée artistique dont ils n’ignorent rien; parfois, même, ils la citent explicitement, comme Eugène Leroy ou Claude Garache chez qui la proximité de Pierre Bonnard transparaît, ou encore Pierre Buraglio, qui cite explicitement Paul Gauguin. Ainsi, les cinq œuvres de cette semaine nous entraînent-elles dans une certaine histoire de la peinture française du siècle passé où, comme le rappelait Auguste Renoir, le peintre ne pouvait se passer d’un modèle. Même si je le regarde à peine, disait-il, il m’est indispensable pour me beurrer les yeux.
Se beurrer les yeux… Belle expression pour un peintre, qui par nature préfère l’huile… Jean Fautrier ne dit pas autre chose (sa peinture exprime d’abord sa relation sensible au modèle, selon la philosophe Maryse Emel), ni André Derain (dessinant quotidiennement d'après le modèle vivant, jusqu'à la fin de sa vie), ni évidemment Eugène Leroy, dont de magnifiques photographies témoignent de la présence continue, nue, dans son atelier, de sa dernière compagne, lui lisant de la poésie. Au modèle, Eugène Leroy ne demande plus de prendre la pose, mais simplement d'être là, précise la critique Sabine Gignoux. Pour tenter de capter non pas l'illusion d'une forme solide, immuable, mais une présence lumineuse et fugace, en somme la vie.
En somme la vie… C’est, à n’en pas douter, la définition que, depuis plusieurs décennies, Claude Garache donne de la femme, et de la peinture, tant chez lui les deux sont intrinsèquement mêlés. Comme le saisit si bien le poète Michael Edwards, ces tableaux qui se suivent et se reprennent disent peu à peu que le corps est, que nous ne le comprendrons jamais, et que nous aurons toujours à y revenir. Y revenir, c’est précisément le cœur de la démarche de Pierre Buraglio, avec ses œuvres réalisées avec, ou d’après. Car il n’est de forme, rappelle le conservateur Alfred Pacquement, si abstraite et dépouillée soit-elle, qui ne prenne son sens que par le regard qu’elle suppose sur l’histoire de la peinture.
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