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Quelques volumes japonais

jeu. 04 avr.

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Loeve&Co

Tadao Ando, Shiro Kuramata, Nobuo Sekine, Keiji Uematsu

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Quelques volumes japonais
Quelques volumes japonais

Heure et lieu

04 avr. 2019, 18:00 – 27 avr. 2019, 18:00

Loeve&Co, 15 Rue des Beaux Arts, 75006 Paris, France

À propos de l'événement

Le Corbusier qualifiait ainsi son art : « L’architecture est le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière ». Matière première de l’architecte, mais aussi du sculpteur et du designer, le volume s’appréhende en effet d’abord par la lumière, et donc par l’ombre.

Ainsi, la conception japonaise du volume recèle quelques caractéristiques propres. Dans son Eloge de l’ombre, paru en 1933, l’écrivain Jun'ichirō Tanizaki opposait à la conception occidentale une esthétique japonaise de la pénombre : « Je crois que le beau n’est pas une substance en soi, mais rien qu’un dessin d’ombres, qu’un jeu de clair-obscur produit par la juxtaposition de substances diverses. De même qu’une pierre phosphorescente qui, placée dans l’obscurité émet un rayonnement, perd, exposée au plein jour, toute sa fascination de joyau précieux, de même le beau perd son existence si l’on supprime les effets d’ombre ».

A l’opposition entre lumière et ombre correspond strictement celle entre plein et vide. Mu, le vide, est un concept étroitement lié au bouddhisme zen, un des fondements des do, les voies de réalisation. Ainsi, tout l’art japonais est sous-tendu par l’idée que le vide façonne littéralement le beau : dans le kado (ikebana), les végétaux sont sublimés par le vide, il en va de même pour le chado, voie du thé, qui se pratique dans un pavillon dépouillé que l'on surnomme « demeure du vide », dans le shodo, voie de la calligraphie, le vide revêt autant de signification que les traits du pinceau.

Explorant l'art de vivre avec le vide, cette exposition rassemble quelques propositions contemporaines issues de cette antique conception japonaise de l’art et de la vie, à travers les œuvres de quatre artistes de la même génération, nés autour de la seconde guerre mondiale, l’architecte Tadao Andō (1941), le designer Shiro Kuramata (1934-1991) et les artistes Nobuo Sekine (1942) et Keiji Uematsu (1947).

Autodidacte, ancien boxeur, Tadao Andō vient pour la première fois en France, en 1965, à bord du Transsibérien, justement pour rencontrer Le Corbusier. Dessinateur compulsif, c’est sur le papier que naissent d’abord les volumes de béton brut, ces cubes, sphères ou cylindres qui s’animent ensuite dans l’espace grâce à de savants jeux d’ombre et de lumière. Juste après sa rétrospective du Centre Pompidou, et quelques mois avant l’inauguration de son premier grand chantier parisien, celui de la Bourse de Commerce pour la Collection Pinault, cette exposition réunit une vingtaine de ses croquis, réalisés au cours des dix dernières années, consacrés à certaines de ses réalisations emblématiques, de « L'Eglise de la Lumière » d'Ibaraki (1989) aux musées de l’île de Naoshima (1987-2018) en passant par le « Modern Art Museum » de Fort Worth (2002).

Au centre de la galerie, l’élégante colonne du « Revolving Cabinet » de Shiro Kuramata, dessiné en 1970, scande l’espace de ses vingt tiroirs pivotants. Cette « commode verticale », éditée par la firme italienne Cappellini, est une véritable sculpture domestique mobile : entièrement évolutive, en matériau acrylique poli rouge, elle dessine dans l’espace une variété de formes en perpétuel changement, selon la position des tiroirs.

Nobuo Sekine est un des piliers du mouvement Mono-ha, qui explore l'interdépendance entre les matériaux naturels ou industriels et l'espace environnant. Son intervention « Phase-Mother Earth » est considérée comme l'acte de naissance du mouvement : en 1968 à Kobe, Sekine extrayait du sol, sans autorisation, une tour cylindrique de grande taille en terre battue, et la place à côté du trou cylindrique de la même forme. Outre le croquis préparatoire à cette œuvre fondatrice, l’exposition présente d’exceptionnels grands dessins liés à des interventions de la série « Phase of Nothingness », présentée à la Biennale de Venise en 1970.

Diplômé du département des Beaux-Arts de l’Université de Kobe en 1969, Keiji Uematsu est également lié à la philosophie Mono-ha. Ses sculptures associent des volumes géométriques (cône, spirale…) dans de fragiles constructions qui agrègent souvent pierre, cuivre et bois, avec le « désir de créer une œuvre au sein de laquelle l'absence d'un unique élément ferait écrouler la structure dans son ensemble, l'existence invisible des choses et leur lien entre elles, comme un cosmos ». Outre la sculpture modifiable « Situation-a Blanch » de 1991, l’exposition réunit plusieurs dessins des années 1970, parallèlement à ceux présentés par la Galerie Christophe Gaillard, du 18 avril au 11 mai.

Précaires, modulables, émergeant de la lutte entre l’ombre et la lumière, le vide et le plein, dans un aller-retour permanent entre le dessin et l’objet, ces « quelques volumes japonais » témoignent d’une conception ancestrale de l’espace et de ses développements récents dans l’art, l’architecture et le design, à travers quatre figures majeures de la culture nippone contemporaine réunies pour la première fois.

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