Robert Coutelas - Mes nuits

À l’instar d’un Eugène Gabritschevsky ou d’un Louis Soutter, Robert Coutelas (1930-1985) participe à une extension du domaine de l’art brut, généralement considéré comme réservé aux artistes autodidactes voire sans culture.

Né dans une famille ouvrière, Coutelas arrête l’école et travaille dès l’enfance, pendant la  guerre, dans un camp du STO à la frontière de l’Allemagne et de la Tchécoslovaquie. Il veut devenir artiste, mais sa famille s’y oppose, et détruit ses premières œuvres ; il tente de mettre fin à ses jours, puis fuit après sa sortie du coma.

Après avoir été tailleur de pierre, il peut s’inscrire aux Beaux-Arts de Lyon ; distingué par des prix, on le considère comme le nouveau Bernard Buffet, et il est pris sous contrat par la puissante galerie Romanet. Mais, incapable de produire à la chaîne les vues pittoresques que le marché réclame, pétri d’idéal artistique, dépressif, il renonce à produire, et s’enfonce

dans la misère.

À partir de 1967, Coutelas commence à peindre des miniatures en formes de cartes de tarot, taillées dans des cartons qu’il ramasse le soir dans la rue, en même temps que des morceaux de bois pour son poêle. Diverses et énigmatiques, certaines ornées de portraits imaginaires, d’autres d’écritures illisibles, certaines de motifs décoratifs sophistiqués, d’autres minimalistes, ces cartes échappent à l’époque ; elles pourraient être l’œuvre d’un artiste du Moyen-Âge ; il les appelle Mes nuits, car elles recueillent les images qui remontent en lui pendant ses absences. En 1977, un de ses jeunes amis lui apporte des centaines d’affiches non utilisées, sur le dos desquelles il se met à peindre des portraits à la gouache qu’il nomme Mes ancêtres.

Du vivant de Coutelas, ces œuvres ont d’autant moins été montrées que lui-même les dissimulait, entre les murs de sa chambre et des meubles, dans un impénétrable bazar. Mais, peu avant sa disparition, sa future légataire Mariko Molia Kishi parvient à organiser une première exposition, à Tokyo. Depuis, son œuvre a fait l’objet de multiples et monumentales publications et expositions au Japon (dont l’été dernier au Mori Museum de Tokyo), où Coutelas est devenu un artiste culte, vénéré par de nombreux créateurs de premier plan, artistes, designers ou architectes, mais aussi romanciers ; ses dessins décorent des bols en céramique ou des pâtisseries, certains s’en ornent même les ongles, ou se tatouent ses motifs.

Totalement inconnues en France, il s’agit de la toute première exposition des œuvres de

Robert Coutelas à Paris. Pour en savoir plus sur l'exposition cliquez ICI.