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jeu. 07 mars

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Loeve&Co

Roland Dorcély, un peintre et poète haïtien à Paris, 1958-1960

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Roland Dorcély, un peintre et poète haïtien à Paris, 1958-1960
Roland Dorcély, un peintre et poète haïtien à Paris, 1958-1960

Heure et lieu

07 mars 2019, 18:00 – 30 mars 2019, 19:00

Loeve&Co, 15 Rue des Beaux Arts, 75006 Paris, France

À propos de l'événement

À partir du jeudi 7 mars 2019, Loeve&Co consacrera une exposition aux années parisiennes du peintre et poète haïtien Roland Dorcély (1930-2017). Artiste incontournable de la modernité caribéenne, sa dernière exposition personnelle à Paris date de 1960 (Galerie Berri Lardy, déjà rue des Beaux-Arts, au numéro 4), mais le public a pu se familiariser récemment avec son œuvre lors de la grande exposition « Haïti : Deux siècles de création artistique » aux Galeries Nationales du Grand Palais en 2014.

Roland Dorcély a tout juste vingt ans lorsqu’il pose pour la première fois sa valise à Paris. Le jeune artiste arrive de Port-au-Prince, où il a présidé à la création du Foyer des Arts plastiques. Il s’est alors illustré principalement dans la production de peintures murales - en Haïti et aux Etats-Unis, pour la résidence hollywoodienne du producteur David O. Selznick, notamment. Dorcély a été invité à Paris par l’écrivain Michel Leiris, qui a publié ses poèmes dans la revue Les Temps Modernes en 1950. Soutenu par son épouse Louise Leiris, qui expoxe quelques-unes de ses peintures, Dorcély est remarqué par le grand marchand Daniel-Henry Kahnweiler, et fréquente les cercles de l’art moderne à Paris.

Évoluant dans l’entourage de Léger et de Picasso, ami d’André Masson, Dorcély réside entre Florence et Paris de 1958 à 1962, peignant sans relâche et cherchant avec détermination à affiner son langage plastique. Le critique Alain Jouffroy, qui deviendra son principal défenseur en Europe, salue ainsi son exposition parisienne de 1960, dans la revue Arts : « Nous faisons confiance à sa prodigieuse puissance de travail, et à son esprit d'indépendance, pour faire à l'avenir de son œuvre un phare étonnant, braqué de loin sur l'art moderne ». Toujours de format moyen et peints à l’huile, ses paysages exubérants, les natures mortes et nus féminins, souvent posés sur ou jouant avec une chaise, convainquent par leur construction vigoureuse et leur palette, haute en couleurs franches qui ne se mélangent pas.

C’est d’ailleurs un « Nu à la chaise » de 1958, intitulé « When to Relax », que le MoMA de New York décide d’intégrer dans ses collections l’année même où il est produit. Exposé lors de la présentation des acquisitions récentes du Musée en 1959, le tableau est reproduit dans le catalogue édité pour l’occasion, sur une double-page où figure en outre trois œuvres de son exact contemporain Jasper Johns. La carrière de Roland Dorcély aux États-Unis dans les années 1960, promue par les collectionneurs et mécènes Edna et Keith Warner, sera jalonnée par plusieurs autres acquisitions muséales (Boca Raton Museum of Art, Brooklyn Museum, Hood Museum of Art, Dartmouth College), ainsi que des expositions, notamment chez Edward Banker à Westport, et au Fort Lauderdale Museum of the Arts.

Malgré ces succès indéniables, le manque de moyens, l’absence de relais par des marchands d’envergure, français ou américains, et des difficultés psychiques, Dorcély est tiraillé entre son réseau occidental et son désir profond de développer la culture et les infrastructures artistiques caribéennes. Sa carrière internationale connaît un arrêt brutal au mitan des années 1960. De retour en Haïti en 1965, il ne peut que constater, amer : « Les gens gardent les habitudes qu’ils avaient avec vous. Ils restent fixés dans un monde en mouvement. Ils vous frustrent ».

Vivant d’expédients, notamment des cours de peinture et de dessin, Dorcély n’expose plus ses œuvres que sporadiquement, par exemple en 1982, simultanément à l’Institut Haïtiano-Américain et à l’Aquarius Inn, à Port-au-Prince. Vers le milieu des années 2010, Roland Dorcély cherche à rejoindre une partie de sa famille au Canada, mais il ne parvient pas à dépasser New York, où il s’éteint le 27 avril 2017.

Loeve&Co est heureuse de pouvoir, 59 ans après sa dernière exposition parisienne, remettre à l’honneur la peinture puissante et singulière de Roland Dorcély. Les tableaux réunis datent tous de la période parisienne de l’artiste. Ils ont été peints entre 1958 et 1960, et figurent des animaux, des paysages tropicaux, des natures mortes quotidiennes et des nus. Dominées par les orangés et rouges flamboyants, soutenues par des bleus outremer et céruléen ou une touche de vert prairie, les compositions de Roland Dorcély sont dynamisées par de larges cernes de noir, et des zones blanches, laissées en réserve pour souligner d’éclatants coups de lumière. Plusieurs « Nus » exposés appartiennent à la série du tableau du MoMA, tandis que des « Paysages » rappellent la peinture « N°12 » conservée dans les collections du Fonds National d’Art Contemporain.

Cette exposition préfigure la présentation personnelle que la Galerie Loevenbruck consacrera à l’œuvre de Roland Dorcély lors de l’édition new-yorkaise de la foire Frieze, du 2 au 5 mai prochains.

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